Donc vous me dites qu'il vous manque 10 plats cuisinés de bœuf et autant de cassoulet, c'est ça ? • Oui. • Et vous voulez porter plainte, c'est bien ça ? • Tout à fait. Vous êtes sûrs que vous vous êtes pas trompé dans les stocks par hasard ? • Non. Vous vous rendez compte de ce que représente un dépôt de plainte ? Oui. On me vole Monsieur l'agent. Ce serait un seul, je ne le tolérerai pas plus. • Vous êtes du genre tolérance zéro, vous. Non. Je n'aime pas qu'on me vole, c'est tout. Vous voulez voir les images de celui qui a commis ces vols ? Non, non. On va se contenter de la paperasse aujourd'hui, on repassera plus tard pour l'enquête. • Ok, je vois. • Pardon ? • Je dis, ok, je vois. • Vous voyez quoi ? • Que vous faites un métier difficile, Monsieur l'agent. • Ouais, c'est ça. Ludo, ramène le formulaire stp. Le dépôt de plainte se fit finalement sur ordinateur. Le dénommé Ludo semblant plus branché que son collègue, cela ne prit que quelques minutes Stéphane égraina tout son pedigree, fournit tous les documents attestant de la légalité de sa boutique et leur offrit le dvd des images du voleur. Il leur souhaita une bonne journée et leur dit espérer les revoir vite. Dés que le Berlingo eut quitté l'avenue il prit son téléphone et composa le numéro de Favreau. Ces gars étaient des guignols . Et lui sentait qu'on faisait plus que lui voler du cassoulet. Il avait fouillé et retourné toute son épicerie sans rien trouver de suspect. Pourtant, restait l'étrange impression que ce type ne faisait pas que prendre des trucs. Seulement il n'avait rien pour le prouver. Il raccrocha son téléphone et s'enferma dans son arrière boutique. Il avait téléchargé un logiciel de dépixellisation toute la matinée et comptait bien mettre un visage sur l'enfoiré qui le faisait passer pour ce qu'il n'était pas. Un mec tatillon. Il réussit à avoir une idée plus nette de l'âge et du sexe du type. Un homme. 55-60 ans minimum. Maigre. Maigre comme un clou. Un SDF ? Ils étaient tous sur le plateau. S'ils devaient rapiner ce serait le Monoprix des Cordeliers. Non. Il força sur le visage mais le type s'était tellement bien masqué que Stéphane ne réussit même pas à voir ses yeux. Il identifia par contre une écharpe Burburry ocre et un chapeau australien noir de jais. Comme des lunettes Vuarnet. Que des nippes de luxe. Celui qui peut se payer ça ne vole pas des cassoulets. Sûr. D'où une fois encore le pressentiment qu'il y avait quelque chose en trop dans son magasin. Pas en moins. Il venait d'éteindre son PC pour se lancer dans une nouvelle fouille lorsqu'il entendit la porte s’ouvrir. Il avait coupé la sonnerie depuis un mois comme il se l'était promis et le regrettait maintenant amèrement. La réenclencher dépassait son budget. Mais c'était peut- être sa chance. Les pas étaient feutrés. Et il vit clairement le type se diriger vers les plats cuisinés. Il portait un chapeau. Australien ? Difficile à dire. Il avait aussi des lunettes. Des Vuarnet, il en était sûr. Parce qu'il avait les même depuis peu. Ce n'était pas le même modèle que celui des caméras de surveillance mais il y avait trop de concordance. Il prit la batte de base ball de sous son bureau et sortit en faisant claquer violemment la porte de son arrière boutique. Alors petit enculé, tu vas me dire quel est ton business ou tu porteras plus jamais de chapeau.
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE