• ...mais la différence avec les autres attaques par logiciels de rançon est que l'argent demandé n'est ni en bitcoin ni en dollar mais en euros. Sonnant et trébuchant. D'après nos sources, la police serait en possession d'éléments susceptibles de permettre de mettre la main sur ce qui ne peut être une coïncidence avec l'attentat perpétré à la ZAD de Notre Dame des Landes. Peut on parler de représailles ? Les ZADistes ont ils de telles capacités ? Et si oui quel est leur but en demandant un argent qu'ils honnissent ? Pour l'instant tous les scenarii sont possibles. Y compris les pires. • Waouh. • Ouais. Stéphane referma l'exemplaire du Monde et s'essuya l’œil droit alors que Karim et Noé, assis sur leurs ballons essayaient d’intégrer ce qu'il venait de leur lire. Sa face avait retrouvé un aspect suffisamment avenant en 48 heures avec l'aide des onctions des dermatologues du CHU de la Milétrie. Il avait presque retrouvé un visage humain. Presque. Restait encore cet œil dont les ophtalmologistes lui avaient dit que la cornée avait été abîmée. Il tourna la tête vers ses deux potes sans trop souffrir et constata qu'ils en étaient encore à la méditation. Ils n'avaient pas vécu les choses de la même façon. Ni l 'un ni l'autre. Encore moins comme lui. Ce fut Noé qui se leva le premier. Il commença par dribbler puis étendit ses longs segments pour smasher gentiment la balle dans le cercle du terrain du Jardin des Plantes bleu azur. De son côté Karim semblait absorbé comme encore prisonnier du traumatisme qu'il avait vécu. Lui, l'aide soignant, avait goûté à l'autre face de son métier. Celui de la guerre. Ce fut lui qui brisa le silence . • Tu crois que c'est lié à ta famille ? Stéphane se leva à son tour et prit son ballon pour l'envoyer direct dans le cercle. Nothin' but net. Il réitéra le geste deux fois comme pour mieux peser ses mots puis bloqua son ballon sous son avant bras. Noé essayait de dribbler comme un meneur, lui le géant à la détente de gazelle ce qui faisait sourire Karim qui semblait avoir oublié sa question. Stéphane les ramena tous là où ils en étaient en dehors du terrain. • Mon demi-frère est mort. Ma sœur en QHS. Alors oui, ma famille est lié à tout ce bordel. • Tu crois que... • Non. Je pense plutôt qu'ils essayaient d'éviter le pire. Et qu'ils ont été éliminés. Pour partie cela a réussi. • Tu veux dire que ce qui s'est passé à la ZAD ne visait que ta sœur. • C'est ce que me dit mon instinct. Un coup comme celui ci ne permet pas à ses commanditaires de laisser la moindre faille. • Tu penses que ta sœur sait quelque chose ? • Pffff... J'en sais rien, je ne l'ai même jamais vu, alors...Tout ce que je sais c'est que mon demi-frère, avant que nous soyons torturé m'avait parlé de gens, les black bloc. Des extrémistes de gauche particulièrement déterminés. Je pense que c'est là que Favreau et ses hommes doivent être en train de s'activer. • En tout cas on l'a échappé belle. • Tu peux le dire. Comme Karim se levait presque soulagé que tout cela soit loin de lui dorénavant, les premières gouttes de pluie commencèrent à tomber.

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