Noé commençait à perdre patience. A vraiment perdre patience. Cela faisait déjà trois fois que des clients partaient en gueulant de son agence. Et pas en français. Ce qui n'empêchait pas de comprendre la nature des propos proférés. C'était devenu plus qu'inquiétant. Au début Noé avait pris Christian pour un de ces suiveurs qui composent le gros des troupes disons, d'extrême droite. La plupart étant plus effrayé par le monde à leur porte que motivé pour le, disons, purifier. L'ordre et la sécurité qu'on leur faisait miroiter répondait à l'état d'insécurité et de désordre qu'il leur semblait composer leur quotidien. Rien d'autres que des pleutres, en somme. Et Christian devait en faire partie. Seulement, voilà. Il n'en faisait pas partie. Les trois personnes à avoir manifesté violemment leur mécontentement sortaient toutes de son bureau. Le dernière à l'instant. Les chuchotements qui suivaient cette esclandre n'annonçaient rien de bon. Quelque chose se passait dans son agence. Un élément venait perturber l'équilibre fragile des relations entre collègues. Déjà Ziad l'évitait ostensiblement comme il ne lui adressait plus la parole ni ne lui disait bonjour. Quant aux autres, ils vivaient dans la peur. Parce qu'il s'était révélé vindicatif et agressif. Ainsi avait il ouvertement fait preuve de misogynie un jour Noé était allé cherché de l'eau à la fontaine. Tout le monde sauf Ziad étaient en salle de pause et Noé l'avait entendu dire clairement que la place des femmes étaient auprès des enfants, pas dans les entreprises. Le silence qui avait suivi en disait long. Comme celui qui venait de s'installer. Cette fois, il était temps de mettre les points sur les i. Noé contourna son ordinateur et ouvrit la porte de son bureau partant, chargé de fureur, vers le bureau de Christian, évitant de justesse Favreau. • Ben dites donc, qui est ce que vous voulez tuer ? • Commissaire. Attendez au moins 48 heures, que je n'ai pas à venir vous coffrer. • Quoi ? Qu'est ce... Entrez, entrez. Noé refit le tour de son bureau plus calmement cette fois, et invita le commissaire Favreau à venir s'assoir en face. Celui-ci déclina lui expliquant qu'il ne faisait que passer. Dans l'agence le bruit refaisait surface petit à petit. Cela finit d'éteindre la fureur de Noé. Au moins avait il échappé à un dérapage non contrôlé. • Vous nous quittez alors ? • J'en ai bien peur. • Le 36  ? • Section anti terroriste. • Sacrée promotion. Ils disent que je suis capable de tenir les chiens fous qui la composent. • Vaste programme. Au moins vous ont ils bien cernés • Faut croire. Ma fille est aux anges. • Vous avez une fille ? Et une femme figurez vous, qui est beaucoup moins enthousiaste à l'idée de gagner Paris. • Ca se comprend. • Enfin bref, je ne suis pas là pour ça. • Que me vaut votre passage alors ? • Stéphane • Ah non, moi c'est Noé, Stéph... Je sais, je sais, mais j'ai trouvé porte close alors me voilà. C'est le dossier de son père • Oh. Je crois que ça pourrait l'aider. L'aider à comprendre qui il était. • RG ? • Et DCRI. • Merci pour lui Le commissaire et Noé allait se serrer la main lorsqu'ils entendirent un type en traiter une autre de sale fils de pute. Le type avait le visage cramoisi et les poings serrés. Jeannine, l'hôtesse d'accueil de service ce matin ne put que baisser le regard. • Et bien dites donc, c'est vraiment la zone chez vous. • Juste un élément perturbateur. • Un conseil, dépêchez vous de vous en débarrasser.
14
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE