La fin d'un monde aussi fracassante que la mise à mort d'une Déesse. • C'est tout. • Tout ce qu'elle m'a dit oui. Et un signe de tête quand je lui ai demandé si c'était pire que ce qui vous occupe. • Pire ? Oui. Elle a acquiescé, enfin, c'est comme ça que j'ai compris son mouvement de tête. Pas très expressive la demoiselle. Bon, ca confirme au moins ce que nous soupçonnons. La cible est une institution européenne. C'est ce que je me suis dit aussi. Mais lesquelles ? La commission ? Le Parlement ? Le Brexit ? La BCE ? • Arrêtez j'ai déjà assez mal au crâne. Désolé, je vais reprendre votre dossier et tâcher de trouver une piste. • Merci. Vous pensez qu'un profileur pourrait en tirer plus ? • De quoi ? • De Anna. • Certainement. • Bien. Merci Noé. • Je vous tiens au courant. Noé laissa choir son téléphone sur sa table de salon et prit le smoothie qu'il s'était préparé. Il avait se réchauffer maintenant. Depuis son appartement des Couronneries, il voyait la nuit faire virer au sang le ciel à l'ouest. Magnifique. Il poussa son téléphone en portant son verre à la bouche et regarda le dossier que Favreau lui avait donné. Il le connaissait par cœur. Comme un livre qu'on ne se lasse pas de lire. Un cauchemar. Qui avait coûté des vies, où, en filigrane, la sienne venait de se poser sur le fil du rasoir qu'il portait en lui. Cet amalgame de gens aux horizons diverses l'interloquait quand même. D'abord le père, militaire tendance extrême, certainement mercenaire. Puis la sœur, bonne élève et sans histoire jusqu'à ce qu'elle fuit. La mère, deux fois déracinée et, selon Stéphane, impeccablement intégrée et à priori sous la menace ni de son mari ni de son fils. Son fils justement. Que Stéphane avait entendu trépasser. Et qui ressortait. A leurs basques. Pour les éliminer. Les mettre hors d'état de nuire. Mais pourquoi ? Ni Karim ni lui ne l'avait jamais vu. Lui n'avait qu'une photo qui ne laissait guère de doute sur ses opinions politiques. Mais on ne peut pas arrêter tous ceux qui portent la barbe de Karl Marx pour complot communiste ! D'ailleurs était ce un complot ? Non. C'était une exécution. Si il y a une chose dont il pouvait être sûr, c'était bien des paroles d'Anna Karatic. La fin d'un monde. Revenait toujours la question du pourquoi s'en prendre à Karim et lui ? Certes, ils étaient à Notre Dames des Landes mais y avaient subi ce qui restait à prouver comme le prémisse de l'affaire du World Trade Center. Noé finit son smoothie et alla sur son balcon. L'air était frais maintenant à cette heure. La hauteur de son logement voyait l'air presque le gifler. Comme si en prenant de la hauteur, l'environnement devenait plus dur. Hauteur. Environnement. Plus dur. Bon sang. Il rentra sans fermer la porte et ouvrit le dossier que l'avocat de Rabotin lui avait envoyé pour sa défense. Elle était facile. Il n'était pas présent devant l'écran d'où avait été passé l'appel. Non lieu acquis. L'avocat, pour le rassurer, avait trouvé bon de lui dire dans le mail. Avec un smiley. Il se trompait. Putain, comme il se trompait.
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE