Jean Jacques Karatic regardait Noé sans savoir s'il devait le croire. S'il devait lui faire confiance. Dans un réflexe, Noé le vit fermer sa valise, qu'il avait ramener et la poser sur ses genoux. Il regardait toujours Noé sans un mot et ce dernier lui laissait le temps de le jauger. Dire quoi que ce soit et la solution qu'il avait trouvé échoirait à un concurrent. Alors il le laissait regarder en évitant de sourire. Pourtant il en avait envie. Il avait passé la nuit à réfléchir et tourner et retourner la question mais il n'avait trouvé ce qui lui manquait que lorsqu'il avait pensé différemment. Une alternative. Une alternative toute aussi lucrative. Peut-être même plus. Pour lui. Pour ceux à qui il voulait de toute évidence donner le fruit d'une vie. Ce ne serait pas aussi parfait. Pas aussi rentable. Mais c'était tout ce qu'il avait trouvé. Une assurance vie, protégée pendant cinq après son décès avec un taux de rentabilité augmenté par le dégrèvement d'impôt que seule sa banque pouvait lui garantir. Quand il en avait parlé, le matin même avec Christian et Ziad, l'un avait bougonné comme si la solution était mauvaise du fait même que ce ne soit lui qui l'ait trouvé à moins que que ce ne soit la double nationalité du client qui ne le froisse. Noé décida de ne pas s'en inquiéter. Ziad lui dit qu'il pouvait aussi lui proposer des titres en actions. Taux de rentabilité fort. Quand Noé lui avait demandé le rapport risque/profit, Ziad n'avait pas mâché ses mots. « Elevé. Mais vous m'avez bien dit qu'il n'en avait plus pour longtemps de toute façon, Non ? Autant tenter le tout pour le tout ». Il remercia Ziad pour son propos et ils se quittèrent chacun retournant dans son bureau. M. Karatic devait arriver dans un peu plus d'une heure. Noé l'avait appelé à l'ouverture et celui-ci avait accepté le premier rendez vous que Noé lui proposait. Avant qu'il n'arrive, il regarda ce que Ziad lui avait montré. Et écarta l'option aussi vite. Karatic voulait léguer quelque chose. Et avec le placement en bourse il risquait, même sur des titres pérennes de ne léguer qu'un portefeuille qu'une vie entière ne permettrait de refaire. Il ferma donc son bureau, demanda à Caroline qu'on ne le dérange pas et s'attaqua à mettre à jour ses connaissances sur les produits d'assurance vie. Quand Jean Jacques Karatic arriva dans son bureau, il était prêt. • Entrez M. Karatic, asseyez vous, je vous en prie. • Bonjour. Merci. Alors, vous avez trouvé quelque chose ? • Oui et non. Disons que j'ai trouvé une alternative. • Oh. Noé ne laissa pas le voile de déception finir de masquer le regard bleu armée de son prospect. Il attaqua d'emblée. Je vous propose une assurance vie avec un taux de rentabilité qui fournira à ceux à qui vous déciderez d'en faire bénéficier de s'acheter plus qu'un appartement. Jean Jacques Karatic toussa comme ses yeux s'illuminaient. Il avait vu juste. Ce n'était pas pour lui. C'était pour mettre quelqu'un à l'abri. Et la promesse, qu'il ne pouvait cependant pas tenir ni garantir, avait suffi à lui faire dresser sa valise et se pencher vers lui. Il se tourna pour masquer le crachat qu'il devait évacuer et revint vers Noé. Noé ne releva pas la couleur rose de son mouchoir comme Karatic le faisait disparaître dans la poche de sa veste. C'était tout à son avantage. Seulement, compte tenu de votre situation, il nous faut agir vite. Dites m'en plus d'abord, s'il vous plaît. Combien de temps l'argent sera bloquée ? • Pour vous, cinq années. • Ett pour ceux qui en bénéficieront ? • Aucun laps. • Et vous me dites que mon argent va se fructifier ? Oui. 5% garantie par an. Et le dégrèvement d'impôts garanti, au moment du déblocage l'équivalent de 7% de plus-value. • Ca fait 30 000 euros ça. • A quelque chose près oui. • Pas assez pour acheter une maison. • Pour vous oui. Pas pour vos ayants droits. C'est que Jean Jacques Karatic avait fait attendre Noé. C'est qu'il le jaugeait. Le temps semblait long à Noé. Très long. Il décida qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule chose qui pouvait le déranger. Une seule. Qu'il pressentait. Il décida qu'il était temps de lui forcer la main. Le dépôt d'une telle somme en liquide doit faire l'objet d'une déclaration à la Banque de France , vous le comprenez. Mais pas d'une enquête. C'est argent sera déclaré à votre nom. Comment vous l'avez obtenu ne concerne en rien notre établissement.
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Le masque sous la peau
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