Le jour n'était pas encore levé. La partie d'hier s'étant finie plus tôt que prévue pour cause de pluie, Stéphane avait eu le temps d'aller s'excuser le soir même auprès d'Yvan qui n'avait rien trouvé de mieux à lui dire qu'il avait définitivement le don de se foutre dans les emmerdes. Sans aller plus loin. De toute évidence sa confiance en Stéphane venait d'être éprouvée. Il remercia sa femme pour la baguette qu'elle lui avait gardé. C'était toujours ça. Et puis il avait pris ses antalgiques, une douche mangé la moitié de la baguette avec du fromage et s'était écroulé jusqu'à ce que son portable ne le ramène à ses obligations quotidiennes. Le pain. Les légumes. Le bouclard. Il en venait presque à regretter ce qu'il venait de traverser. Presque. Son œil qui pleurait un peu plus avec le vent finit de chasser cette pensée avec le sourire d'Yvan. Dis donc, j'avais pas fait gaffe hier, mais tu t'en ai pris plein la gueule on dirait ? Ha ! • Ça va, ça va, c'est bon. • Si seulement ça pouvait te servir de leçon. Il lui dit ça en lui tendant la brassée de baguette qu'il avait pour lui. Avec le ton d'un père. Un mélange de compassion et d'empathie. Un truc qu'il n'avait jamais connu. Quand il leva la tête, la mèche qui cachait sa calvitie flottait du mauvais côté du crâne d'Yvan. Vu de dos, celui ci ressemblait au père dodu. Sauf que ses rondeurs cachaient une charpente pouvant soulever un buffle. • Allez mon gars, bon courage ! Et il avait disparu dans sa boutique. Quand Stéphane ouvrit son magasin, il eut envie de vomir. Devant lui une semaine de légumes frais pourrissait dans sa corbeille, maintenant bonne à jeter. • Les enfoirés. Il alla au fond, entra son code de sécurité et sortit de quoi faire le ménage et emmener tout le reste à la déchetterie. Cela lui prit une bonne demi-heure. Puis il passa la serpillière et arrangea les bouteilles d'alcool qu'il avait bougé pour trouver la lettre de feu son père. Il était dix heures lorsqu'il prit enfin le temps d'ouvrir son magasin à la clientèle. Une demi journée de foutue pensa t il. La plupart de ses clients venant au moment où Yvan le livrait. En avait il encore une de clientèle d'ailleurs ? Il espéra que oui. Deux lycéens entrèrent pour leur boisson de la pause matinale. Il les encaissa et entreprit de trier son courrier. Lourde tâche. Et périlleuse. Une semaine de pub et de lettres en tout genre de ses fournisseurs, de la banque, des services de l’État. Il dégagea dans un coin de son pseudo comptoir l’ordinateur et fit donc 3 piles, plus un sac poubelle ouvert à ses pieds pour la pub. Il en était à se demander combien il allait devoir aux gars du Jardins de Bonnes et comment il allait devoir se maîtriser pour ne pas leur sauter à la gorge quand une lettre émanant de l'URSSAF récupéra son attention. Lettre recommandé sans avis de réception. Quand il l'ouvrit, il sut qu'il allait passer une journée de merde. Sans traîner il prit son portable et lança l'appel vers ceux qui devaient le prémunir de ce genre de courrier. Et ils allaient devoir avoir de sérieux arguments. • Expert comptabilité 86 bonjour ! Que puis je pour vous ?
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Le masque sous la peau
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