Juste avant l'explosion, Karim était tout à la tâche que le dispensaire lui avait fixé. Allant et venant entre le centre de soin et la ligne d'affrontement, il portait ceux qui pouvaient être transporté, les aspergeant de sérum physiologique pour leur rendre la vue ou appliquant une compresse stérile pour stopper les hémorragies. Les combats étaient rudes et ceux du côté qu'il était censé être étaient particulièrement agressifs, quand il lui arrivait de regarder autour de lui il voyait aussi nombre de gendarmes être exfiltré, qui la tête en sang ou une main brûlée par un cocktail molotov. Toujours est il que, comme tous, il ne sentit rien venir. Il eut simplement le souffle coupé et fut projeté à plus de cinquante mètres derrière la ligne que formait les gendarmes. Quand il reprit ses esprits et constata qu'il était miraculé, il vit un brasier si puissant qu'il donnait le jour dans la nuit maintenant installée. Et le spectacle qu'il vit ne lui évoqua qu'une seule et unique chose. La guerre. C'était une scène de guerre. Partout des bras, des jambes des corps mutilés ou isolés. Sans réfléchir, il fit ce qu'il se souvenait devoir être fait en cas d'attentat. Il prix un bout de caillou calcaire et marqua le casque ou les vêtements de ceux qui pouvaient être sauvés. Puis son ouïe revint et au carnage devant ses yeux s'ajouta les plaintes de ceux qui n'avaient plus aucune chance de sortir de ce champ vivant. Il se dit que ce devait être ça l'enfer. Alors qu'il marquait comme il le pouvait ceux qui respiraient encore, tournant plus que souvent la tête vers l'entrée de la ZAD pour y voir surgir les secours, il manqua le détachement d 'homme en civil qui, indifférent au décor, disparurent dans le cœur même du désastre. Il était en train de placer un gendarme en position latérale de sécurité lorsqu'une main se posa sur son épaule. Il sursauta. • Putain. T'es en vie ! • Il s'en est fallu de peu. • T'étais où ? • Avec la sœur de Stef. • Elle va bien. • Oui. Saine et sauve. Alors que Karim allait lui demander comment cela se faisait qu'elle n'était pas avec lui, le bourdonnement surpuissant d'un hélicoptère retentit et tous les deux virent les policiers monter à l'intérieur, tenant fermement une jeune femme de taille moyenne, les cheveux bruns. Anna. Cela ne dura pas plus de 30 secondes et le vacarme des plaintes revint, l'hélicoptère comme évanoui. Karim se tourna alors vers Noé. • C'est une terroriste. • Une terroriste ? C'est elle qui a tout fait pété ? Non. Mais elle sait qui a hacké la totalité des entreprises du World Trade Center de Bruxelles. • Quoi ? • Elle était ici pour se planquer. Pour leur échapper. • A qui ? • A ceux qui ont fait ça. • Ca ? Tu veux dire ce qu'on a devant les yeux ? • Probablement que ce sont les mêmes en effet. • Pour la tuer elle. • Sans doute. • Putain. • Oui. Putain. Ils restèrent ainsi absorbé par leurs pensées quand il entendirent un bruit rauque et une tête d'éléphant s'approcher d'eux. Karim vint le soutenir tellement il était chancelant. Celui ci, avait carrément les mains en sang. Ce fut Noé qui le reconnut. Malgré le visage tuméfié et les mains déchiquetées, il ne pouvait pas ne pas reconnaître Stéphane. Ils l'accompagnèrent jusqu'à un tronc d'arbre ils l'assirent, Karim commençant à nettoyer et bander ses plaies. Stéphane, lui, n'avait qu'une chose en tête. Une question. • Où est ma sœur ?
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE