Il était à peine 10 heures du matin et Stéphane commençait déjà à trouver ses semblables particulièrement énervant. Il était là, à l'URSSAF, avec le dossier de son comptable, qui montrait que la fraude était un oubli, et personne ne faisait attention à lui. Personne. On buvait le café derrière les hygiaphones ou seulement un guichet sur les quatre traitait les demandes des affiliés. Et ça l'énervait. Il n'avait jamais rien eu contre les fonctionnaires, quels qu'il soient. Mais là.... Il inspira une grande goulée d'air et son numéro s'afficha enfin au dessus du guichet. Bonne nouvelle. Il ne se fit pas prier et attaqua directement dans le vif du sujet. Bonjour, voilà j'ai reçu une lettre de pénalités de retard par rappo... Hop hop hop. Pas si vite. Votre numéro d'URSSAF et le courrier s'il vous plait. Le rouge au joues, Stéphane masqua sa haine en baissant le regard en tendant les éléments à la guichetière. Celles ci les prit puis voila le micro devant elle pour parler avec l'un des trois gus qui buvaient le café derrière elle. Puis il lui dit quelque chose que Stéphane ne comprit pas et elle opina du chef avant de dévoiler le micro. Il va falloir prendre rendez vous, Monsieur. Je peux rien pour vous comme ça. • Et quand je peux l'avoir s'il vous plaît ? • Attendez que je regarde. Elle voila une nouvelle fois le micro, sortit un agenda de sous le guichet et regarda avant d'apostropher à nouveau les trois hommes derrière elle. Le plus grand lui dit quelque chose et Stéphane put lire le mot « OK » sur les lèvres de la guichetière. Le rendez vous avait intérêt à être maintenant. M. Sayard peut vous recevoir dans une semaine à 10 heures pour régler les détails. Mais vous devez régler l'amende maintenant pour éviter les 20% supplémentaires. Ben voyons. Il allait attendre. Le gars le regardait en lui souriant. Un sourire affable. De commerçant. Stéphane devait lui davantage ressembler à un loup affamé. Il sortit son chéquier , rédigea la somme et signa le chèque. • Dites lui de venir le chercher • Pardon. Il est là, il boit un café, je n'ai qu'une question à lui poser et je peux porter plainte pour refus d'assistance. Vous voulez la carte de mon avocat ? Allez, madame. Dites lui de venir le chercher, s'il vous plait. • Mais enfin... • Allez. La guichetière regarda Stéphane avec tout l'outrage que l'on pouvait faire à l'administration qu'elle représentait. La tête et le regard de Stéphane devaient cependant être assez représentatifs de sa colère rentrée pour qu'elle voile une fois de plus le micro et se tourne vers le type. Celui-ci souffla puis vint prendre la place de la guichetière en faisant un signe désinvolte de la main à Stéphane. Derrière lui, les autres clients ne pipaient mot. Pas même les mouches. • Bon alors, il a quoi ce matin le monsieur ? • Juste une question. • Bien je vous écoute. • Qui vous a dit que je vendais du pain ? • Secret professionnel. Ouais. Moi aussi j'ai un secret. Je ne suis pas quelqu'un de sympa. Et je connais mes droits. J'ai le droit de connaître... • Bon la porte à droite. L'homme laissa la place à la guichetière et s'avança vers la droite de Stéphane, un clac plus tard et il était entré. Il suivit l'homme qui devait faire deux bonnes têtes de plus que lui et finit par s’asseoir devant un bureau avec des piles impressionnantes de dossiers Sayard ne prit pas le temps de lui demander quoi que ce soit et commença à farfouiller dans son ordinateur avant de tourner le moniteur vers Stéphane. • Voila. Il est content ? Ca s'appelle une dénonciation anonyme. • C'est impossible. • Bah si. La preuve. • Non. Le lieu et l'heure. • De quoi ? • Du coup de fil.
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE