• Karatin • Quoi ? Son vrai nom c'est Jean Jacques Karatin. Et c'est pas un type bien. Il a tellement maigri que je l'ai pas reconnu la première fois. Ni les autres d'ailleurs. Mais son fils... • De quoi tu me parles Arlette ? Du bon Dieu, abruti. Ton pote. Son père c'était pas un mec bien. Non. A vrai dire c'était un enfoiré de facho • Ah. Karim était ivre. Ivre de fatigue. Comme déconnecté. Déconnecté de toute forme de réalité. Et c'était bon. Il fit tourner entre ses doigts la canette d'Orangina qu'Arlette avait eu la bonté de refroidir et se dit qu'il n'en avait rien à foutre. Quatre jours à l'hôpital avaient ce pouvoir. De Karatic. De Karatin. De Stéphane. De l’hôpital. De sa vie. Tout ce qu'il voulait c'était rester ainsi. Sans tracas ni obligation. • Qu'est ce que tu comptes faire ? • Comment ça ? • Bah rapport à ton pote. Mérite rien d'autre que la corde. • T'as déjà réfléchi au monde Arlettte ? • Pour peu, bien sûr. Moi aussi. Et j'ai découvert ses vertus cardinales. Pas au monde en fait, mais à la société. • Vas y fais moi rire. Elles sont quatre. L'ordre. La sécurité. Le progrès. La créativité. • Tu m'en diras tant. Les quatre peuvent s'associer. Deux par deux. L'ordre et la sécurité. Le progrès et la créativité. • La droite. La gauche. • C'est ça. • Tu vas pas me dire qu'on a besoin de ses enculés quand même. La question n'est pas là. La question est qu'est ce qu'on en fait ? • Hum. Y a vingt ans je t'aurais dit on les combat. Parce que la société ne doutait pas de ce que l'ordre et la sécurité poussés à leur paroxysme pouvait entraîner. Mais aujourd'hui... • Aujourd'hui, on doute. • Ils doutent. • Oui. Ils doutent. Alors je vais te dire ce que je vais faire. Je vais trouver sa trace et l'empêcher de nuire. Pour que mon pote revienne Mon pote est comme moi. Il saura entendre. • C'est-à-dire ? C'est-à-dire qu'il ne sait à quel saint se vouer. L'ordre. La sécurité. Le progrès. La créativité. Il ne sait plus ce qu'il faut sauver. • Et toi tu sais au moins ? Arlette avait cessé de frotter son comptoir et le regardait avec une forme de dédain narquois. Du genre, le gars ça fait deux mois qu'il traîne chez moi et il va m'apprendre la vie. C'est exactement ce qu'il comptait faire. • Oui. Ça s'appelle un éclair de lucidité.
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE