Le
jour
perçait
,
blafard
et
gris,
lorsque
Stéphane
et
Anna
quittèrent
la
forêt
de
Moulières
pour
retourner
vers
Saint
Eloi.
15
minutes
de
route
pas
plus.
Mais
assez
de
plaques
de
verglas
et
de
couillons
de
cerfs
pour
vous
foutre
par
terre.
Sitôt
dans
la
voiture,
sa
sœur
s'était
endormie.
Faut
dire
que
lui
s'était
contenté
de
regarder.
Elle,
elle
avait
agi.
Avec
diligence
et
un
savoir
faire
qui
dépassait
le
maniement
d'une
console
qu'il
lui
refusait.
Son
demi
frère
avait
totalement
raison
à
son
sujet.
Le
prototype
même
d'une
geek.
Pourtant
elle
avait
quelque
chose
en
plus.
Ou
à
tout
le
moins
de
différent.
Pour
elle,
il
était
évident
que
les
machines
n'étaient
que
des
moyens.
Aucunement
une
fin.
Cela
la
rendait
particulière
et
expliquait
certainement
pourquoi
elle
aimait
la
solitude.
Ce
devait
être
la
seule
chose
qu'elle
avait
dû
connaître.
Bizarrement,
alors
que
le
portail
de
sa
résidence
s'ouvrait,
il
se
demanda
si
elle
avait
un
ami.
Personne
n'avait
retrouvé
sa
trace
ce
qui
était
une
bonne
chose
mais
elle
n'avait
cherché
à
joindre
personne
non
plus.
Ce
qui
dénotait
soit
une
rigueur
et
une
conscience
de
sa
situation
ou
un
caractère
asocial.
Cela
le
ramena
à
lui,
Stéphane.
Il
n'aimait
pas
beaucoup
les
gens
non
plus.
Et
il
n'avait
guère
connu
de
relations
sérieuses.
Il
n'avait
que
Noé
et
Karim.
Et
encore
cela
relevait
du
miracle.
En
portant
sa
sœur
jusque
dans
son
bureau
devenu
sa
chambre,
il
se
dit
qu'ils
se
ressemblaient plus qu'il ne le pensait.
• On est arrivé ?
• Ouais.
• Quelle heure il est ?
• A peine huit heures, il fait à peine jour.
• Faut que je me connecte.
• Faut que tu dormes.
•
Non.
Faut
que
je
me
connecte.
Tu
comprends
pas
mais
avec
Hakim
on a lancé une routine borderline et...
• Dors.
• Pousse toi, j'ai dormi dans la voiture.
Stéphane
leva
les
bras
en
signe
d'abdication
et,
vu
qu'il
n'avait
pas
envie
de
dormir
et
qu'on
était
dimanche,
il
alluma
la
télé
pendant
que
sa
sœur
lançait
son
ordinateur.
Les
nouvelles
étaient
jaunes.
Des
gilets
jaunes.
Des
voitures
carbonisés
et
en
flammes.
Un
président
au
teint
malade.
Des
banderoles
en
jaunes
« Alerte
Infos »
ou
« Édition
spéciale »
en
bas
des
écrans.
Les
sans
dents
se
révoltaient.
Et
ça
sentait
pas
bon.
Pas
bon
pour
ceux
à
qui
il
en
restait.
Un
instant
il
écouta
l'allocution
du
chef
de
l’État
piteusement
figé,
les
main
à
plat
sur
son
bureau
trop
grand
et
s'en
détourna
aussitôt.
Ils
ne
comprendraient
jamais
se
dit
il.
Puis
Anna
coupa
le
son.
Et
il
alla
leur faire couler un café.
• Qui c'est ce Christian Ferjoux ?
• Une piste. Sérieuse.
• Pourquoi ?
• T'as entendu Karim, non ?
Elle
lui
parlait
tout
en
faisant
trente
six
milles
manœuvres
sur
son
portable
sur
l'écran
duquel
une
bonne
dizaine
de
fenêtres
étaient
ouvertes.
Il
devait
être
sacrément
puissant.
Sa
dernière
phrase
indiquait
qu'il
l'emmerdait.
Il
tenta
une
dernière
fois
de
rejoindre
son monde.
•
Il
a
dit
que
c'était
un
wife
beater
raciste.
M'étonnerait
qu'il
ait fait un tour à La Mecque y'a peu.
•
Il
a
aussi
dit
qu'il
bossait
à
la
Préfecture.
Au
service
des
visas
.
Tu
veux
que
je
te
fasse
un
coloriage
ou
tu
vas
comprendre
tout
seul ?
10
Depuis 2017
ALC Prods
Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE
