• Dis, tu peux pas m'avancer 400 € • Pourquoi faire ? • Faut que je m'achète une Play . • Non mais tu te fous de moi ou quoi ! Stéphane n'avait pas revu sa sœur depuis qu'elle était sortie de prison. Il lui avait rendue visite régulièrement pendant ses quelques mois de détention mais n'avait jamais réellement réussi à la reconnaître comme sa sœur. Il y avait en elle quelque chose que lui n'avait pas. Bien sûr la ressemblance physique était et la même énergie maintenant qu'elle était sortie. Mais, si lui, avait lutté de toute ses forces pour son travail, elle semblait trouver dans l'oisiveté tout ce dont elle avait besoin. Elle lui avait déjà demandé un prêt pour son loyer la veille sans même lui dire elle avait emménagé. Étrange. Voila comment il ne pouvait que la qualifier. • T'as trouvé du boulot ? Je me suis inscrit à Pôle Emploi. Mais j'ai aucun droit. Tu peux m'avancer l'argent ou pas ? Tu ne devrais pas plutôt chercher du travail au lieu de jouer à la console ? • Jouer à la console, hahaha ! Tu fais bien ton âge, frérot. Vexé, Stéphane avait filé dans l'arrière boutique en veillant bien à ce qu’elle ne lise pas le code d'identification pour y pénétrer et se décida à lui fournir l'argent qu'elle demandait. Pas un centime de plus. Il en était pour ses frais pour le cadeau de noël qu'il avait cru pouvoir lui acheter. • Prends ça pour ton cadeau de noël • Je fête pas Noël. C'est une fête bourgeoise et décadente. Encore une vexation. Et encore le sentiment de n'être qu'un tiroir caisse. Car sa sœur avait des idées bien arrêtées. Bien qu'elle ait subie le pire pendant ces derniers mois, elle gardait intacte sa rébellion. Et n'hésitait pas à vous l'envoyer en pleine figure. Comme en ces instants. Stéphane encaissa le prix d'une baguette en lui disant qu'Yvan avait fait du pain spéciale pour les fêtes. La cliente le remercia et disparut sous le regard dédaigneux de Anna. • Ça aussi c'est bourgeois ? Non, c'est banal. Juste banal et insignifiant. Qu'est ce que tu peux être mielleux. • Mais putain, qu'est ce que t'as ? Qu'est ce que je t'ai fait ? Alors qu'elle lui prenait des mains les 400 nécessaires pour sa playstation, elle le regarda avec dureté et se ravisa au moment de prononcer ce qu'elle préféra censurer. Sans doute une autre cliché sur la bourgeoisie, les petits commerces et l'argent. Il la retint pas le bras alors qu'elle tournait les talons. Son regard était dur comme celui de leur père, et sous l’épaisse couche de vêtements hivernaux, il sentit à quel point elle était tendue. Après tout peut-être. Peut- être n'était ce qu'une façade. Peut-être avait elle conscience de ce que Stéphane redoutait. Mais qu'elle préférait jouer la provocation. Ce devait être cela. Elle avait peur. Bien plus peur qu'il ne pouvait l'imaginer. Elle vivait avec un contrat sur la tête après tout. Je me fais du soucis pour toi, sœurette. Tu n'as pas l'air de comprendre ce qu'il va falloir que tu fasses • Et toi tu le sais au moins ? Je n'ai pas de conseil à te donner mais tu es ma sœur et je ne peux pas m'empêcher de te dire que cela va être plus difficile pour toi. Pour t'insérer dans la société. Tu vas devoir ravaler ta fierté et avaler des couleuvres si tu veux trouver ta place et enfin faire ta vie. • Et si je ne voulais pas, faire ma vie ?
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