Le type avait littéralement forcé sa porte. Il avait entendu Jasmine tenter de l'arrêter mais son silence brutal lui avait indiqué que le monsieur devait être passablement énervé. Et c'était le cas. Christian Ferjoux sentait déjà le ricard alors qu'il était à peine 10 heures du matin. Il ne prit pas la peine de serrer la maint tendue par Noé, comme un geste d'apaisement et s'assit face à lui en farfouillant dans sa sacoche. Vous savez je suis un honnête citoyen, je gagne ma vie, je vis pas aux crochets de la société et à cause de ça j'ai droit à rien à part fermer ma gueule. Mais je vous le dis, Monsieur le nègre, vous vous en tirerez pas comme ça. Il me semble que j'avais été clair pourtant. Je suis désolé mais... Vous êtes toujours désolé vous les bourgeois, votre portefeuille déborde et vous êtes désolé quand il faut le sortir. Attendez que je vous montre. Merde ! Alors qu'il farfouillait toujours dans son sac, un tube sans doute d'homéopathie roula et se brisa sur le sol carrelé du bureau de Noé. Christian Ferjoux envoya une volée de jurons avant de renifler comme un porc et de se mettre à quatre pattes pour ramasser les petites billes dont certaines seraient à jamais perdu. Noé fit le tour de son bureau et l'aida tant bien que mal à ramasser celles qu'ils voyait. Pendant ce temps, Ferjoux renifla une bonne dizaine de fois et Noé se dit qu'il était bon pour un grog ce soir. L'opération finie, Ferjoux lui tendit une liasse de papiers officiels. • Qu'est ce que c'est ? • Ma caution. Vous pouvez pas me refuser ce fric. Noé regarda attentivement les papiers et dut constater que le personnage ne collait pas avec les papiers qu'il lui présentait. Comme ça, vous êtes chef de service à la Préfecture de la Vienne . Pourquoi ne m'en parler que maintenant ? Parce que vous aviez pas besoin de savoir. Y'a toujours des cons qui ont besoin que je leur fasse des papiers. Et comme vous faites pas trop français, je voulais pas que vous me fassiez chier avec ça. • Je vois au moins que vous êtes observateur. • Couillon va • Je ne vais pas relever mais... • Ah ! Toujours ce mais. Qu'est ce que vous allez inventer ? A son tour, Noé extirpa un dossier de la pile conséquente à sa droite. Calmement, il ouvrit le dossier et prit le temps de faire semblant de le lire. Doucement. Très doucement. Sur sa chaise, Christian Ferjoux reniflait et tenait de moins en moins en place. De temps en temps, lorsqu'il tournait un feuillet qu'il prenait le temps de bien arranger avec les autres, il levait les yeux vers Ferjoux. Il était de plus en plus rouge. Quand il comprit qu'il allait sortir un volée d'insanité, Noé lui coupa l'herbe sous le pied. Vous êtes surendetté M. Ferjoux. Entre votre voiture, les travaux de votre appartement et le remboursement des traites, nous vous avons déjà permis d'étaler votre dette, mais ce serait irresponsable de vous octroyer un nouveau crédit. Pourquoi d'ailleurs ? Vous ne me l'avez toujours pas dit ? • J'ai plus de permis • Hahahah ! • Vous vous foutez de ma gueule ? Non, je trouve ça cocasse que celui qui signe pour le préfet les permis de conduire de tout le département soit privé du sien. Ferjoux vira au violet. Et ne prit pas la peine de mettre sa main devant son visage lorsqu'il éternua. Sans doute Noé était il allé un peu trop loin. Ferjoux rangea ses affaires et commença à se lever. Sur le seuil du bureau de Noé, il se retourna. Je vous souhaite de ne jamais vivre ce que je vis. Meilleurs vœux le nègre. Et bonne santé. Noé voulut répliquer mais se dit qu'il l'avait assez vu. Il commença sa journée en passant l'aspirateur. Ces saletés de billes s'étaient foutus partout.
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