Cela avait été fortuit. Inopiné. Comme un signe du Destin. Ou un coup de chance. Selon ce en quoi vous croyez. Noé, lui, ne croyait plus en rien. Depuis longtemps. Pour lui ce n'était ni un coup de chance ni un signe du Destin. C'était simplement l'avant garde d'emmerdes qui s'annonçait. Tout avait commencé dans le hall central du C.H.U. La Milétrie. Tour Jean Bernard. Etage -1. Une bizarrerie de plus. Il venait de passer la porte d'entrée et se dirigeait vers l'accueil central. Il y avait tellement de mouvements dans la géographie des services qu'il n'était pas sûr d'être à la page. Il devait se rendre dans les consultations du service de maladies infectieuses. La professeur France Rabelat le suivait en personne. Une chance. C'était la meilleure des meilleures selon ses pairs. Présidente des infectiologues de France. Lui voyait surtout que ça lui évitait de se rendre à Bordeaux. Pas que Rabotin ne l'aurait pas accueilli, mais bon. C'était mieux ainsi. Toujours séparer vie privée et vie publique. Toujours est il qu'en attendant son tour, à quelques encablures, il reconnut une voix. Non. Il reconnut un phrasée . Un flow. Une manière de s'exprimer. Une sémantique. Et même quelques tics. L'anonymous. Cela le força à tendre l'oreille. Ils s'étaient quittés en lui expliquant qu'il ne pouvait lui dire il (elle) était. Il avait coupé court. Rodé aux usurpations d'identité il avait eu peu de mal à deviner celle de Noé. Et au fond c'était logique de le retrouver là. La dernière trace connue d'Anna était ici. Pas chez lui. Pas dans son lit. Pas devant son ordinateur. Mais là. Suivi pour un Mers Cov pour n'inquiéter personne. Le type ressemblait à un ado. Un ado dont les stigmates de la puberté avaient laissé des traces. Son visage était grêlé d'un ancien acné. Au dessus de ses lunettes, ses cheveux blonds bouclés n'avaient pas été peignés depuis longtemps. Maigre. Blanc comme un linge. Un geek. Pas un black bloc. • Et vous êtes sûrs que vous ne pouvez pas dire où elle est ? • Non, monsieur. Secret professionnel. • Bon. Et où la joindre ? C'est vraiment important. • Non plus monsieur. Je suis désolé. • Bon. Bien. Je vous remercie de votre accueil. Bonne journée. • Au revoir monsieur. Et c'était au tour de Noé. • Il parlait d'Anna Karatic ? • Comment....Oh ! • Merci. Je vais trouver mon chemin. Il prit le temps de sourire à l’hôtesse qui comprit dans son clin d’œil qu'il ne voulait aucun mal à personne et réajusta sa casquette noire. Il était presque invisible ici. Les videurs faisaient peut-être une taille de plus que lui. Il entreprit alors de suivre le geek au visage d'ado. Et le chemin qu'il prit le prit de cours. Au premier abord. Droit vers les urgences. Puis il comprit. Il ne savait pas il était. Et il avait vraiment besoin de lui parler. Vraiment. L'envie se fit alors trop forte. Dans un recoin qui séparait la vieille tour Jean Bernard des plus récents locaux des urgences il le coinça contre un mur. Il prit le temps de baisser sa visière avant. Et de repenser à tout ce qui lui mettait la haine. Comme les traîtres. Comme les cons. Comme les menteurs. Comme ceux qui avancent masqués. • Qu'est ce que tu lui veux à Anna Karatic, salopard de geek  ?
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Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE