Anna regardait Noé respirer avec difficulté. A côté d'elle, son frère avait les les larmes aux yeux. Karim était carrément resté en dehors de la bulle. Il ne connaissait que trop bien tout ce qui entourait le corps maintenant totalement assisté de Noé. Les scopes. L'intubation. La morphine L'hypnovel. Il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'ils ne pourraient même pas lui dire au revoir. Noé, lui, flottait. Il ne se rendait compte de rien. Tout juste quelques instants, ils se voyait comme il était puis les frissons et une douleur qui irradiait de son coccyx jusqu'à ses cervicales le faisaient retourner au néant. Il était sur le ventre depuis peu. Sa respiration était devenue tellement douloureuse que les réanimateurs y avaient été contraints. Avec toutes les conséquences que cela entraînait. Les escarres. La difficulté d'alimentation. L'impossibilité de communiquer. Ils avaient appelé son ex femme pour la prévenir qu'il n'en avait certainement plus pour longtemps et qu'il l'avait désigné comme personne de confiance. De confiance. Oui. Dans le néant obscur qui baignait le reste de son âme, Noé voyait ses cheveux et son corps. Ce serait ce qui l'emporterait. La seule femme qu'il avait eu le courage et le temps d'aimer. • Pourquoi on peut pas voir papa, tonton Karim ? • Parce qu'il est très malade. Moi aussi j'ai été malade et il me faisait quand même des câlins. Pourquoi je peux pas lui en faire ? • Éloïse, arrête. C'est bon Karine. C'est parce qu'il a une maladie très contagieuse que les médecins ne peuvent pas soigner, Éloïse. • Oh. Je vais lui faire un dessin de câlin alors. Parfait. Il sera très content. Je suis sûr qu'il aimerait te faire un câlin lui aussi. • Bah oui. C'est mon papa. Les gosses. Quand Anna et Stéphane ressortirent, ils firent un signe de négation à Karim alors qu'il les interrogeait du regard. C'était foutu. Il ne reviendrait pas. Ou s'il revenait, il serait un légume. Il était temps de prendre une décision, de fait. Et cette décision, Karine n'avait pas souhaité la prendre seule. Elle n'en n'avait pas la force. Elle aussi, malgré son aspect minéral, était toute en eau. En eau salée. En eau salée qui la rongeait comme ce qui tuait le seule homme qu'elle ait autant aimé. Aïsha revint avec le réanimateur. Il avait à la main une simple feuille. Qui actait de la vie ou de la mort de leur ami. Je suis désolé. Vous pouvez vous isoler pour parler dans la pièce au fond si vous voulez.
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Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE