L'odeur de javel avait saisi à la gorge Karim dès que Christian lui avait ouvert la porte. Il s'attendait à pénétrer dans un bouge et il avait en face de lui un homme qu'il ne connaissait pas. Christian Ferjoux avait des vêtements propres qui sentaient encore la lessive. Il était rasé. Et son appartement était si propre qu'on se demandait si quelqu'un y vivait ou s'il s'agissait d'un appartement témoin. D'un seul coup Karim se sentit encore plus seul. Plus seul et plus sale. Que n'importe qui. Il franchit le pas de porte et Christian le prit littéralement dans ses bras. • Bonjour Karim. • Salut. • Vas y entre, entre. Karim sortit du hall d'entrée pour arriver dan le séjour. A droite la vaisselle finissait de sécher sur l'évier. Pas une bouteille d'alcool ne trônait sur le bar de la cuisine américaine. Et le sol. Le sol brillait de la lumière du matin. Karim se demanda s'il devait rester ou partir. Ce n'était pas l'homme qu'il voulait voir. Ce n'était pas ce qu'il s'attendait. • Qu'est ce que tu veux boire ? • T'as quoi ? Rien qui contienne de l'alcool. Je t'en prie, assieds toi. Assieds toi. Un café ça te va ? • Ça fera l'affaire. • Qu'est ce qui t'amène ? Karim alla s’asseoir sur un canapé sans aucune ongle ou tâche. Lui aussi sentait le propre. En tournant la tête vers le couloir de la chambre, Karim aperçut une lessiveuse. Bon sang. Qu'est ce qui lui était arrivé ? • Lazar. C'est Lazar qui m'amène. • Lequel ? • Tous. • Je vois. Christian Ferjoux de finir de faire couler leurs deux cafés, puis il soupira en s'asseyant sur une chaise. Pile en face de Karim. Il poussa sa tasse jusque devant lui et garda la sienne il plongea deux sucres avant de faire tourner et tourner sa cuillère à l'intérieur. Il ne leva pas les yeux tout le temps de l'opération. • Qu'est ce que tu sais ? Je sais que Romain Lazar a violé ta femme et ma copine. Et qu'il est protégé. Certainement par son frère. • Oui. Autrement dit, tu ne sais rien. Ce fut au tour de Karim de porter ses lèvres à sa tasse. Il le prenait noir. Et corsé. Comme celui-ci. Dans sa tête, il n'arrivait pas à faire le point. Comment ça il ne savait rien ? D'abord, je veux m'excuser. Pour le tort que je vous ai fait à toi et tes amis. Tu sais Stéphane est venu me rendre visite, il y a peu. • Non je savais pas. Ça a été comme un électrochoc. Ça m'a réveillé. Je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis. Je suis sobre maintenant. Sobre et lucide. • Et ? Et Romain Lazar n'a rien d'un bienfaiteur. Il veille sur un troupeau. • Un troupeau ? Oui, un cheptel de prostituées qu'il a épuisée. Usées jusqu'à ce que leur esprit cède. • Quel rapport avec Arlette et Aïsha ? Il faut que tu comprenne que pour lui les femmes ne sont pas des êtres humains. Ce sont au mieux des objets. Mais bien souvent une marchandise. Qu'il fout sur les trottoirs. Et qu'il « protège ». C'est un maquereau. • Ca me dit pas pourquoi il s'en est pris à nos femmes. • Parce que elles étaient sur son passage. Et qu'il avait envie. • Comme ça ? Oui. C'est un pervers Karim. Contre lequel on ne peut rien. Je le sais maintenant. • Pourquoi ? Pourquoi on ne peut rien contre lui, bordel ! Parce que lui aussi est protégé. Parce qu'il ne gère qu'une partie d'un vaste commerce. • Son frère ? Impossible. Ce n'est qu'un guignol de politicard. Christian soupira à nouveau et finit son café avant de se lever et d'aller laver sa tasse et de la poser sur l'égouttoir. Il passa un coup d'éponge sur l'évier et proposa un autre café à Karim qui refusa. Il revint alors s'asseoir sur sa chaise. Et planta son regard dans celui de Karim. • Tu connais le principe des poupées russes  ?
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