Stéphane était inquiet. Coincé derrière son comptoir de fortune dont il n'arrivait pas à se défaire, il voyait les gens passer, s'arrêter au distributeur, quelquefois jeter un regard dans son bouclard, puis continuer plus loin. A part ses habitués, certes, devenus considérables lui assurant de quoi enfin se verser un salaire, il était indéniable que le DAB avait un effet pervers. Merde, pensa t-il. En même temps il regarda sur combien de temps il s'était engagé à louer l'emplacement. 25 ans. Couillon de la lune se maudit il cette fois. Il devait trouver une solution. Une solution pour que tous ces beaux billets qui sortaient viennent au moins en partie atterrir dans son tiroir caisse flambant neuf. • Vous auriez de la monnaie ? • Pardon ? Vous auriez de la monnaie sur 10 euros, des pièces de deux et de un si possible. • Tenez. • Merci. Bonne journée. Couillon. De colère, il baissa sa devanture et éteignit toutes les lumières. Il entendit Yvan frapper et lui demandait si tout allait bien. Il lui répondit que oui. Qu'il avait juste besoin de réfléchir. Quand Yvan lui avait fait remarqué qu'il pouvait le faire le rideau levé, il lui dit que pas pour l'instant. « Comme tu veux fiston, mais c'est pas comme ça que tu répareras ta connerie. ». Il ne put s'empêcher de lever le store. Yvan réajusta sa mèche de cheveux et le prit par l'épaule. • Viens, j'ai une idée. Je te paie le café. • C'est quoi ton idée ? • Attends le café bon dieu, Odette nous a fait des meringues ! Stéphane essaya tant bien que mal de calmer son impatience le temps de s'asseoir en terrasse de la boulangerie. La bise à Odette faite et la première bouchée de ses fameuses meringues descendue, il ne tourna pas autour du pot. • Alors ? • Alors quoi ? • Bah tu m'as dit que tu avais une idée. • Ah. Bah oui. Voila. Et Yvan d'écarter les bras pour lui faire embrasser sa terrasse, le café devant lui et la meringue qu'il se retenait de dévorer. • Tu veux que j'ouvre une terrasse ? Bon Dieu, t'en tiens vraiment une couche. Non. Le truc c'est de laisser faire ! • Laisser faire ? Oui, laisse ton truc rentrer dans les mœurs, mets des prix net qu'on peut payer d'un billet et tu verras, ça va décoller. Tu as vraiment fait une bonne opération. Et pourquoi crois tu que mon croissant est à 1€10 l'unité et 4€ les 5 ? • Ah ouais ! Bon Dieu vous les jeunes ! Allez finis ta meringue et retournes réfléchir à ce que tu peux faire fiston. • Merci Yvan. Pas de quoi. Moi j'vais me coucher. A demain. Tu sais qu'y a Odette , hein ? • Ouais pas de problème. Au moment il se leva, le café et la meringue finis, il avait déjà dans la tête tout un tas de paniers types qui rêveraient de se voir échanger contre un billet de 10€ tout pile. Son téléphone vibra dans sa poche. Sans doute Karim ou Noé pour une partie. Il préféra surfer sur la vague de ses pensées. Quand il prit le temps de sortir son portable pour se servir de la calculette il fit la moue. Favreau. Dans quel pétrin sa sœur s'était elle encore fourrée ?
53
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE