T'es content maintenant ? Tu as eu ce que tu voulais ? Eh bien ça te fera un souvenir. • Aïsha, attends ! Karim regarda Aïsha jeter les clés de l'appartement au milieu des bouteilles qui recouvraient le bar de la cuisine avant de la suivre du regard jusqu'à ce que la porte d'entrée ne se ferme avec fracas. Putain. Elle était partie. Il l'avait perdue. Perdue pour de bon. Pour un verre. Et une obsession. Les enfoirés comme Romain Lazar devaient être punis. Pour la justice. Pour qu'ils ne recommencent plus. Plus jamais. Il reporta alors le regard sur ce qu'elle lui avait jeté en entrant. Soit moins d'une minute avant qu'elle ne sorte. C'était une document type Cerfa. Tout droit sorti de l'administration des forces de l'ordre. Il y avait sa signature en bas à droite. Et l'en-tête faisait état d'une plainte . Entre les deux, ce qu'elle avait vécu. Ça devait être cela le souvenir dont elle parlait. Il n'avait pas envie de le lire. Il n'avait pas envie d'avoir ce souvenir. Il voulait vivre avec elle. Jusqu'à ce que mort s'en suive. Il jeta le document qui alla se poser sur une bouteille de vodka vide traînant sur le tapis du séjour. Il vit alors ce qu'était devenue sa vie. Ou plus exactement ce qu'elle était redevenue. Une vie d'ivrogne. A courir après des chimères. Et à prendre des vessies pour des lanternes. Ses yeux s'embuèrent. Sa gorge se serra. Il trouva la force de se lever. De ramasser le dépôt de plainte de Aïsha. Il le posa sur le fauteuil. Son fauteuil à elle. D'où elle posait ses jambes sur les siennes quand ils regardaient la télévision. Il sentait encore l'odeur. De ses pieds sur ses mains. Il aurait tout donné pour la sentir à nouveau. Et il allait tout faire pour. La tristesse se transforma en un instant en colère. Contre lui. Contre Lazar. Contre ces foutues poupées russes. Deux heures plus tard, son appartement ne portait plus une goutte d'alcool en lui. Cela lui avait valu les quolibets des passants devant les quatre sacs poubelles de 50 litres remplies de bouteilles vides qu'il avait évacué pendant dix minutes dans le collecteur de verre au sommet de la rue Maillochon. Une fois chez lui, il passa la serpillière puis l'aspirateur et fit une machine de linge. Il l'étendit et put enfin se poser sur son canapé. De là, il alluma la télé et lança un film. Il suivit l'intro, avant le générique. Puis la soif revint. Tenace. Inextinguible. Abyssale. Il jeta la télécommande en coupant la télévision. Il prit son portable et lança une recherche sur google pour la plus grosse poupée russe dont lui avait parlé Christian Ferjoux. Celle qui englobait la plus petite. Romain Lazar. Puis celle plus grande de Diakhité et de ses activités de gestionnaire du crime. Puis celle presque aussi grosse que la plus grande. François Lazar. AKA le successeur de Bob le Tox'. Au dessus, il y avait les russes. Les Vorzy Vzakone. C'était eux qu'il allait faire payer. Juste avant de cliquer pour lancer effectivement sa recherche, son portable vibra. Noé. Il décrocha aussitôt. • Noé. K. J'ai sauvé Anna. Aïsha est là ? Il faut qu'on la planque chez ton beauf.
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