•
Je
tenais
à
te
le
dire
personnellement.
Je
sais
que
vous
étiez
proches.
• Ouais. Elle est encore dans la merde, quoi.
• Favreau dit que c'était prévisible.
• Quoi ?
• Qu'elle ne donne plus signe de vie à un moment donné.
• Elle bosse pour lui ?
• Oui. Avec le frère de la copine de Karim.
• Ex.
• Ex ?
• Ouais, ex. Il a replongé.
• Putain.
• Est ce qu'a un moment on va finir par avoir la paix ?
• Je crois que c'est ce qu'elle essaie de faire.
Noé
soupira
et
prit
son
ballon
de
sous
ses
fesses
pour
trottiner
en
dribblant.
Stéphane
était
toujours
assis
sur
le
sien.
Il
se
demandait
ce
qu'il
se
passait
sous
le
crâne
de
son
ami.
Voila
une
femme
venue
de
nulle
part
qui
lui
avait
sauvé
la
vie
et
qui
tentait
de
le
faire
à
nouveau.
Et
elle
ne
s'arrêterait
pas
là.
Stéphane
ne
connaissait
que
peu
sa
sœur
mais
il
pouvait
jurer
qu'elle
était
aussi
entêtée
et
déterminée que lui pouvait l'être. Comme leur père avant eux aussi.
• Il t'as dit quoi exactement Favreau ?
•
Qu'elle
remontait
une
piste
et
qu'elle
ne
voulait
pas
commettre
la même erreur qu'avec les suites de l'affaire Ferjoux.
• Tu sais qu'il a pris perpèt' ?
• Ouais, Karim me l'as dit.
•
Elle
remonte
donc,
seule,
en
terrain
hostile,
l'une
des
pieuvres
les plus dangereuses et les plus gigantesques de la planète.
• En gros, c'est ce que j'ai compris.
•
Putain,
on
ne
peut
pas
rester
comme
ça
à
attendre
une
hommage
funéraire.
•
Qu'est
ce
que
tu
veux
qu'on
fasse ?
On
n'y
connaît
rien
à
ce
monde.
Faut
leur
faire
confiance.
Tu
connais
Favreau
il
ne
lâche
jamais les siens.
• Que Dieu t'entendes.
• Juste lui, ça ira.
• Ouais. T'as raison. Dieu a d'autres chats à fouetter sans doute.
• J'ai surtout plus confiance en la capacité d'action de Favreau.
• Pas faux. Et ton DAB ?
•
Je
m'y
habitue.
Des
détails
à
caler
mais
je
peux
déjà
te
dire
que l'assurance ne pèsera pas bien lourd vu le volume de retrait.
• Tant mieux pour toi.
Stéphane
se
leva
à
son
tour
et
commença
à
dribbler
puis
à
enchaîner
les
shoots.
La
température
était
agréable.
Il
y
avait
peu
de
vent.
Et
le
quart
de
terrain
qu'ils
occupait
au
Jardins
des
Plantes
était
désert.
Ça
jouait
dur
sur
le
central.
Les
qualif'
pour
l'Urban
PB.
En
jetant un regard aux compétiteurs, Stéphane se sentit vieux.
• Dis moi Noé. On est vieux ?
• Hein ?
• On a encore notre place sur un terrain ?
• T'es con. Les gamins ne feraient pas le poids contre nous trois.
• Il y a dix ans ouais. Maintenant...
•
Oh,
tu
sais
ce
ne
sont
pas
tous
des
acharnés
comme
nous.
La
plupart
profitent
de
la
hype
de
l'Urban
mais
combien
t'en
vois
venir
s'arracher
la
gueule
tous
les
soirs
comme
nous
quand
il
n'y
avait
pas
tout ce pataquès.
•
Pas
faux.
On
est
certes
vieux.
Mais
en
plus
on
est
des
vieux
cons.
Ils
rirent
de
bon
cœur.
Ça
faisait
du
bien.
Cela
chassait
les
ténèbres
de l'est.
Quelque
part
dans
un
coin
perdu
de
la
Russie,
Anna
grelottait
devant
un
écran
d'ordinateur.
Il
fallait
espérer
que
cette
fois
elle
soit
meilleure que jamais.
• Comment ça s'est fait avec ma sœur ?
•
Naturellement.
Elle
venait
me
voir
à
Bordeaux,
puis
aux
Couronneries. Elle était seule. Moi aussi. Voila.
• On est comme qui dirait de la même famille maintenant.
• Pour ça, il faut qu'elle revienne.
• Ouais.
Stéphane
sentit
presque
le
blizzard
se
lever
lorsque
Noé
s’élança
pour
défoncer le cercle.
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