Elle était là. Ses cheveux avaient légèrement repoussés. Plus drus. Plus durs. Plus droits. Elle porta sa tasse de café en semblant chercher ses mots. Elle était belle. Tellement belle. Tellement vraie. Tellement aimable. Tellement bonne. Karim brisa le silence avant elle. • Il faut que tu portes plainte. • Pourquoi ? Pourquoi tu aies bonne conscience ? Pour que je dorme en paix. Pour que je ne fasse justice moi- même. • T'en es incapable. • Que tu crois. Il prit sa tasse de thé et la but presque d'une seule gorgée. Il avait soif. Putain ce qu'il avait soif. Il la regarda encore. Elle n'avait presque pas bougé. • Pourquoi ? • Pourquoi quoi ? • Pourquoi tu es partie ? • Je ne suis pas partie. J'ai pris mes distances. • Pourquoi ? • Parce que tu ne me comprends pas. Pas vraiment. Elle avait raison. Cela le fit basculer en arrière. Elle souhaitait oublier cela. Elle souhaitait foutre la paix à un pauvre type. Elle souhaitait vivre normalement. En oubliant le pire. Et lui souhaitait qu'il paie. Qu'il souffre. Que justice soit rendue. Pour elle. Pour les autres. Pour celles à venir. Peu importe qu'il soit reconnu irresponsable. Il ne devait plus sortir de sa chambre. Qu'on lui apporte des magasines porno. Qu'on lui paie des putes. Qu'on le castre. Physiquement ou chimiquement. Mais que plus jamais il ne fasse de mal. C'était là ce qui l'animait. Tout le contraire de la pensée d'Aïsha. Qui souhaitait qu'on le comprenne. Qu'on l'aide. Parce qu'elle espérait. Non. Parce qu'elle croyait en ce qu'elle faisait. C'était une maladie dont souffrait cet homme. Et comme toute maladie, la justice y était aveugle. Mieux valait laisser faire le corps médical. Pour l'extirper de ses démons. Le rendre plus équilibré. Karim se demanda alors si il croyait vraiment en ce qu'il faisait. Pour la première fois. Et ce ne pouvait être plus violent. Il aurait voulu la serrer dans ses bras.Il aurait voulu la serrer dans ses bras et lui dire que plus jamais personne ne lui ferait de mal. Mais c'était impossible. Que plus personne ne lui fasse de mal. Comme de la serrer dans ses bras. Avait elle lu dans ses pensées ? Elle se leva à cet instant. • Il faut que j'y aille. • Tu embauches ? • Non. Je dois passer voir mes parents. • Ils vont bien ? • Oui. Oui ça va. • Tu peux leur dire bonjour de ma part. • Je verrais. Salut Karim. Il attendit quelques minutes. Le temps de finir son thé. Puis il sortit à son tour. Comme un voleur. De droite et de gauche son regard chercha quiconque qui puisse lui reprocher ce qu'il allait commettre. Puis il fit les deux cent mètres jusqu'au Guevara. Il poussa la porte. L'activité était revenu. Nostalgie chantait l' été indien . • Sers moi un blanc, Arlette.
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ALC Prods
Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE