Karim tenait à peine debout. Il titubait, saoul. Fin saoul. Il avait passé la mâtinée avec Arlette. Elle avait fermé. Et s'était couchée. Lui, ne trouvait pas le repos. Elle lui avait dit à propos de Lazar. Elle lui avait dit comment il traitait les femmes. Comment il l'avait traité. Elle en avait fait son deuil. Son commerce était en sécurité. Pas Christian Ferjoux. Lui s'était heurté à la réalité. A la réalité en forme de mur. Jamais il n'avait levé la main sur qui que ce soit. Et s'il en était devenu un être dégueulasse, Karim ne pouvait s'empêcher de penser que ce qui l'entourait l'était encore plus. Malgré le ravalement de façade et les beaux pavés blancs, Poitiers avait aussi sa dose de crasse et de puanteur. Une puanteur cachée. Une puanteur de petite préfecture comme le disait Miossec. Seulement Karim avait encore la force. Il l'aurait toujours. Malgré le taux d'alcoolémie qu'il se traînait, il savait. Il savait aller. Et sur qui taper. La chaleur de ce mois de mai le faisait suer comme un baudet. Il grimpa les marches de la mairie et s'approcha de l'accueil. • Bonjour Monsieur. Que puis je pour vous ? Bonjour. Je suis journaliste et je veux faire un papier sur la saison culturelle. Pourrais je voir Monsieur Lazar ? • Vous avez rendez vous ? Non, malheureusement, ça m'est tombé dessus comme ça, si vous voyez c'que j'veux dire. • Hum. Je vais voir s'il peut vous recevoir. Et la voilà qui le déshabille du regard et voit la bouteille de ricard qu'il s'est sifflé. Professionnelle, elle ne laisse rien paraître à part un petit pincement de lèvres avant de saisir le téléphone. Monsieur Lazar ? Oui. J'ai un journaliste qui souhaiterait vous rencontrer au sujet de la saison cultur...Oui. D'accord. Je lui dis. Monsieur ? • Oui. Il va vous recevoir. Si vous pouvez patienter, je viendrais vous prévenir. • J'ai tout mon temps. • Parfait alors, vous avez des sièges juste en face. • Merci, madame. • Je vous en prie. Dès qu'il se fut assis, Karim ressentit les effets de l’alcool. La tête qui tourne. Le regard flou. L'envie de vomir. Il tenta de fermer les yeux mais c'était pire. Il ne pouvait pas tenir en place. Il alla aux toilettes et se fit vomir. De la bile et du ricard. Plus un bout de cacahuète. Ça puait plus que le Clain. Il tira la chasse d'eau et se mit carrément la tête sous le robinet. Quand il redressa la tête, le miroir lui indiqua que tout n'était pas fini. Loin de là. Ses yeux rouges étaient presque un avantage. Un masque. Parfait pour jouer au mouton quand on va mordre comme un loup. Il sortit des toilettes et passa devant l'accueil. L 'hôtesse ne le remarqua pas. Il s'enhardit et commença à grimper les marches qui menait dans l'antre du pouvoir pictave. Et il était remonté. • Qu'est ce que tu fais ? • Aïsha ? • Dis moi. Qu'est ce que tu fais ? Tu te prends pour Superman ? Si personne ne fait rien, si personne ne leur met le nez dans la merde, il vont continuer. Je suis pas superman. Parce que j'ai rien à perdre. • Ah bon ? Vraiment. Tu n'as rien à perdre ?
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