Noé mordait et remordait le capuchon de son bic. Il attendait le coup de fil de Rabotin depuis le début de la journée. Et la journée commençait à toucher à sa fin. Il était nerveux. Nerveux et inquiet. Parce qu'il était la première pierre. Le premier maillon. Sans lui, point de salut. Et accessoirement aucune explication de la part de Anna. Parce qu'elle serait morte. Morte. Il prit son combiné et s'apprêta à composer le numéro de Rabotin. Autant signer la fin de leurs espérances. Il composa celui de Caroline. • Rien pour moi ? Non, monsieur. Je vous transfère tout appel de Bordeaux comme prévu. Puis je me permettre ? • Oui, Caroline ? Ces appels ne viennent pas dans la journée. J'ai déjà programmé mon standard pour vous. Bonne chance Monsieur. • Merci Caroline. • Je vous en prie. Il raccrocha et se risqua à mettre un nez dans la frontière. Pas de mouvement. Ziad recevait un client. Comme Jérôme, le remplaçant de Deblaix. Une type bien. Aux antécédents irréprochables. Il avait déjà ramené deux contrats immobiliers. Sobre et efficace, donc. Il eut envie de convoquer Ziad pour un dernier point sur les sources de financement de Médicalyse mais cela aurait été suspect. Il revint dans son bureau et prit son ballon du PB. Il fit quelques 8 entre ses jambes puis travailla son fouetté de poignet. 100 de chaque main. Et la nuit qui s'annonçait enfin. A la frontière tout était désert. Il s'aventura jusqu'au standard de Caroline. Sa ligne était bien prioritaire pour Bordeaux. Il s'avança, alors que tout n'était que silence jusqu'à la porte d'entrée maintenant verrouillée. Les premiers marchands venaient déjà délimiter leur espace. Les places valaient chères au marché des Couronneries. Seule éclaircie dans la manière dont les pictaves parlaient de la nouvelle ville. Une sorte de trêve lorsque les bobos venaient goûter aux produits de ceux qui ne pouvaient se payer un emplacement à Notre Dame. La ville aussi était marquée par des contingences démographiques qui façonnaient sa géographie. Est ce que cela pouvait changer ? Difficilement de toute façon. Noé détourna le regard de la place de Coïmbra et retourna malaxer son ballon. 1 shoot main droite. 1 shoot main gauche. Un jour il shooterait aussi bien que Stéphane. Il n'eut pas le temps de le jalouser. • Allô ? • C'est Rabotin. • Ça va ? Vous me demandez si ça va alors que je risque l'avenir de notre caisse pour vos potes ? Non, ça ne va pas. Pas du tout. Vous recommencez vos conneries et je suis assez con pour plonger avec vous. • Oui. On pleurera plus tard. Qu'est ce que vous avez trouvé ? • Bon Dieu, je vous croyais pas aussi dur. • La vie, patron, la vie. Bon vous avez de quoi noter ? Je vous préviens tout ce que j'ai c'est un numéro de compte. • Envoyez. • Alors 1B456WC32457896. C'est bon pour vous ? • Vous êtes sûr de l'info ? • Comment croyez vous que je suis là où j'en suis ? • Pardon patron. Et merci. • Pas de conneries, hein ? • Pas de crainte Jean Pierre • Bonne chance alors. Et virez moi ces parasites.
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Voleur dans la loi
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