Stéphane avait l'impression tenace que quelque chose clochait. Quelque chose clochait, là, ici, maintenant. Son environnement n'avait pas changé. Les boites de petits pois et les bouteilles de whisky restaient à leur place mais il y a avait comme une ombre. Quelque chose qui planait par dessus son commerce. Quelque part au dessus du toit plat de son bouclard. Et c'était la peur. Stéphane n'avait jamais connu quelqu'un de plus accueillant et aimable que Mounia Karatic. La savoir en danger ajoutait de la noirceur au temps gris qui flottait tout autour de lui. Il faisait beau pourtant. Les affaires marchaient. Marchaient bien, même. Personne ne lui avait fait la moindre réflexion sur la fermeture de son bouclard. Personne n'avait non plus fait le lien avec les histoires de Sainte Marie des Glandes. Ou, à tout le moins, personne ne lui en avait parlé. Pourtant il sentait presque l'électricité transpirer des murs de son bouclard. Il n'était pas fou. Il n'était pas devin. Il n'était pas plus apeuré. Il se préparait au pire, c'est tout. Et comme le diable, il eut un visage connu. • Salut Stéphane. • Diakhité. • Alors ? • Alors quoi ? • Alors tu as réfléchi ? Réfléchi à quoi ? A ma sœur ? A ton business. ? Tu la tueras quoi qu'il arrive • Oh, tu me surestimes. Ouais, c'est vrai. Tu vas te contenter de la vendre. Les autres feront le sale boulot. • Quels autres ? • A toi de me le dire. • Je vois. Diakhité se leva de la chaise face à Stéphane, de l'autre côté de l'ordinateur et s'étira en poussant un râle d'un homme qui vient de réveiller. Bien que la lumière faiblisse légèrement, Stéphane distingua nettement les deux molosses qui montaient la garde devant son entrée. Comme deux videurs devant une boite de nuit malfamée. Il décida de ne pas bouger. De ne pas parler. De ne pas tendre une perche. Quelle qu'elle soit. Savait il pour la mère de Anna ? Était ce le même réseau ? Ou deux choses différentes ? Le rendez vous fixé était il la livraison de ce fameux colis ? Que contenait il alors ? Quel business faisait s’asseoir un peu plus Diakhité sur Saint Eloi ? Quels étaient ses appuis ? Tant de questions... Je veux que ce soit ma sœur qui apporte le colis. Pour être sûr qu'elle soit en vie. Et je veux qu'elle reste. Après. • Impossible. • C'est le deal. A prendre ou à laisser. • Impossible. • Tu pourras toujours te venger Diakhité. Mais pas sur elle. • Impossible. • Arrêtes un peu tes conneries. Qui tu protèges ? • Ta sœur. • Ma sœur !?! Ouais. Et toi. Des gars vont venir. Des gars que tu ne regarderas même pas dans les yeux. Et tu vas donner le colis que tu trouveras devant ta porte arrière demain matin à 6h30. Sinon tu meurs. Ta sœur meurt. Et ta belle mère aussi. Mais je crois que tu le sais déjà non, ceci est un avertissement. Ceci est une alerte. Ceci peut être ta fin. On ne se reverra pas Stéphane. Prends soin de toi. Et des tiens. Stéphane ne vit même pas le visage des deux molosses. Tout juste revit il le visage tout en longueur de Diakhité avant qu'il ne s'engouffre dans l'audi garée devant son magasin. A l'arrière. Cet homme avait su prospérer au delà des espérances que son cousin et lui, Stéphane, n'avaient jamais rêvé. Comme quoi il ne faut jamais parier sur le premier canasson venu.
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