Il leur manquait une dernière chose. C'est ce que lui avait soufflé Anna avant de s'écrouler sur le clic clac qui lui servait de lit. Ce serait le troisième soir elle dormirait tout habillée. Elle n'avait même pas défait l'emballage de la playstation que Stéphane n'avait pu faire autrement que de lui acheter. Elle se démenait tellement. Elle se démenait tellement pour ses amis à lui. Pour rien, en fait. Parce qu'elle était comme ça. Simple et généreuse. Il la regarda avant de baisser sa cagoule et de mettre ses gants noirs. Il aurait tellement voulu être ainsi. Simple et généreux. Tellement voulu. Il ferma la porte derrière lui et chevaucha son vélo en allumant les lampes avant et arrière. Il descendit la route de Montbernage à toute allure arès avoir grillé le feu de la rocade intérieure. Il tourna ensuite à droite en bas et se retrouva à longer la Boivre, à deux trois kilomètres, Karim et Aïsha avaient élu domicile. Il s'arrêterait avant. Pour trouver la dernière chose qui leur manquait. Qui manquait à Noé. Aux médecins. Pour qu'il revienne. Et puisse foutre dans la gueule de Karine qu'il n'y a pas de cause désespérée. Seulement des gens désespérant. Il posa son vélo et le harnacha solidement à un poteau de la rue. Del à, il revint sur ses pas jusqu'à arriver au bas de la grande rue. Le froid était particulièrement mordant. Et son pote qui avait toujours 41°. Au moins ce soir, il ne serait pas seul à avoir froid. En montant les dernières marches qui débouchaient sur les jardins surplombant le Poitiers de d'Aboville, il était en sueur. Il enjamba les haies et regarda deux fois le bout de papier, son GPS. Fourni par Karim avec l'aide d'Arlette. Eh les ruskovs c'est une propriété privée. Debout, on dégage ou j'appelle les flics. • Pardon ! Pardon ! Nous dehors. Froid. Voir Arlette. Arlette • Oui, oui. Guevera. Bruds !!! • Vos gueules. Vos passeports. Maintenant. • Niet. Niet. No passport. • You speak english ? • Yes. • Come and follow me. Tell your comrads you'll be back soon. • OK. Good. I tell. • Now you come. Le type n'était pas grand et portait une moustache à la Staline. Il lui ressemblait presque. Le magnétisme en moins. Une victime de plus. Qui faisait tout pour survire. Qui ferait tout pour survivre. Même fournir un virus mortel pour assurer à lui et aux siens ce qu'il s'imaginait une place au soleil. Stéphane, cagoule remontée, ne le ferait pas déchanter. Ce n'était plus la peine. Par contre il allait tout faire pour que son pote survive. Tout. Y compris le pire. • Show me your passport. • No, i don't have. • You know Christian ? • No. • Come on, don't lie to me. Le Staline du pauvre le regarda et chercha une once d'humanité dans le déguisement de Stéphane. Seules les larmes lui vinrent alors. Et Stéphane comprit. Ferjoux leur avait menti. Ils n'avaient aucun passeport. Comme il n'avait pas conscience de cette dernière chose. • Show me your arms.
15
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Voleur dans la loi
L’ANTIDOTE