«  Ceci est un avertissement  ». Quand Stéphane avait ouvert son magasin quelques jours après que sa sœur ait donné l'exact localisation d'origine du mégavirus qui tuait son ami, il ne s'attendait pas à ça. Vraiment pas. Au contraire. Oui. Au contraire, il pensait qu'il allait pouvoir vivre heureux encore et encore jusqu'à ce que la mort le délivre. Mais que dalle. Tous ses équipements informatiques professionnels et personnels affichaient le même message, couleur vert matrix sur fond noir. Avec une double flèche qu'il se demandait s'il devait l'activer ou pas depuis une bonne heure, le pain de Mme Martin et la bouteille de Whisky de Daniel, qui lui avait semblé encore plus marqué que la veille. Lui aussi commençait à être marqué à force. La fatigue. La tension. Le manque de sommeil. L'impression qu'il y avait toujours quelque chose qui allait lui tomber dessus. Et la confirmation quelque que soit les circonstances que cela arrivait. « Ceci est un avertissement ». En français. Et impossible ne serait ce que de compter sur la coupure de courant. A chaque fois l'ordinateur chargeait jusqu'à ne lui offrir que cette double flèche comme seule alternative à l'inaction. Et il savait. Il savait ce que voulait dire que de cliquer sur cette double flèche. Ce serait entrer dans le jeu de son ennemi. Aller sur son terrain. Et se mettre à sa merci. Et de cela il était hors de question. Hors de question. Il éteignit tous ses appareils, farfouilla dans le monceau de post it qui s'étalait sur son bureau et en retint deux. L'un indiquait le numéro du commissaire Favreau. Et l'autre le numéro de sa sœur et de Hakim, le beau frère de Karim. Ils bossaient ensemble maintenant. Sous les ordres non reconnus et encore moins officiels de Favreau. Eux sauraient quoi faire. Ils sauraient qui l'avertissait. Et pourquoi. Il signala sur la devanture de son magasin qu'il était absent et remonta l'avenue jusqu'à la boulangerie d'Odette et Yvan. Odette était en train de servir des clients mais Yvan, à cette heure se contentait de faire le ménage dans son laboratoire , astiquant chaque objet comme s'il devait paraître aussi propre qu'au premier jour. • Salut camarade • Tiens, le vengeur masqué du quartier ! Stéphane eut l'impression de se liquéfier. Comment pouvait il savoir ? L'avait il vu amener puis remporter Christian Ferjoux ? Sa double identité était elle déjà devenue une légende urbaine dont Yvan avait percé la réalité ? Ben mon vieux, pour un gars qui sauvent des gens que la médecine ne peut pas, tu ferais bien d’aller en voir un de toubib ! T'es blanc comme un linge. Qu'est ce que tu veux mon ami ? Une chocolatine te ferait le plus grand bien. Il ne savait pas. Il avait juste lu le journal son nom avait été substitué à celui de sa sœur pour la protéger. Non. Il ne savait pas. Il eut quand même besoin de pauser la main sur le comptoir devant Odette et ses clients et de respirer un grand coup avant d'expliquer la raison de sa présence. Je voudrais juste passer un coup de fil. Et je veux bien la chocolatine aussi, en fait. Tiens. T'as pas payé à temps ou quoi ? J’étais persuadé pourtant que maintenant t'avais le débit illimité. Utilise le téléphone du labo. Vas y mon petit. Stéphane avala la chocolatine en deux temps trois mouvements et sourit au clin d’œil qu'Yvan lui faisait en refermant la porte de son laboratoire. • Allô ? • Hakim ? • Stéphane. • Oui. Et je m'attendais à entendre ma sœur. • Alors t'es pas au courant. Stéphane sentit son cœur se serrer. Et devant lui la pièce entière était devenue noir avec en leds lumineuses quatre mots. « Ceci est un avertissement ».
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