Le commissaire recommença à brasser son expresso. Robert Longeron le regardait faire. Sans rien dire. La cuillère tournait et tournait dans la petite tasse le café ressemblait presque à de la pâte vu la quantité de sucre que Favreau y avait dilué. Ça le rendait malade. Un bon café est serré et sans sucre ajouté. Il n'y a que comme ça que l'on y sent les arômes et l'amertume. Il respira un grand coup, conscient que le commissaire connaissait ses manies et le moyen de l'énerver. Il regarda par la baie vitrée, plongeant son regard dans le bleu azur de sa piscine. Au dessus, le soleil était déjà ardent. Et il suait comme un cochon. Il était huit heures du matin et il se demandait déjà si il passerait la journée. Déjà qu'il s'était demandé s'il verrait le jour se lever après avoir cru entendre les forces de l'ordre venir l'embarquer toute la soirée. Les choses ne s'étaient pas vraiment passées comme prévu. Pas du tout même. Depuis 48 heures, tout se barrait en couille. D'abord la fille était toujours en vie. Ensuite la livraison qu'il avait acheté avait tout simplement disparue. Et enfin les types qu'il avait envoyé étaient tous raides. Et pour corser le tout, voilà que le boulot avait été mal fait. Si bien qu'il se retrouvait à devoir regarder un flic usé boire un café dans sa maison à huit heures du matin. Il ne pensait même pas à ce que cela ferait sur les rombières du quartier. Non. Il se demandait si son empire survivrait à l'été. Avant que Favreau ne débarque, il était descendu voir Gus. Ce con dormait à poing fermé. Il lui avait gueulé dessus et Gus lui avait dit de baisser d'un ton. Ce type resterait à jamais une énigme pour lui. Il avait même pris le temps de se gratter les couilles et d'aller pisser avant de daigner l'écouter. La discussion avait été brève. Comme d'habitude puisque Gus ne disait jamais rien. Il se contentait de hocher la tête. Ce qui se passait dans son cerveau ne trouvant jamais le chemin du Verbe. Longeron avait donc soliloqué. Il lui avait dit que les abrutis qui avaient agi hier avaient attiré toute la police sur eux. Que leur business était menacé à cause de son incapacité à choisir les bons gars. Et l'autre bougnoule qui le prenait pour Sherlock Holmes. Bordel de merde, c'était pas le deal. Pourtant il devait se rendre à l'évidence. Il n'avait pas le choix. « Nous voilà terroristes nom de Dieu, tu te rend comptes ? On passera pas l'été, je te parie qu'on passera pas l'été pauv' couillon. Tu vas aller loger le type et tu le fais toi même. Et vire moi tous ses petits enculés de pique assiette de Bux'. Pas question que les barbouzes viennent jusqu'ici t’entends ». Gus avait hoché la tête avant de péter et d'aller prendre sa douche. Longeron, savait, bien qu'il n'en disait rien, que Gus le tenait pour responsable de cette situation. D'où son manque de respect. Lui n'avait jamais cautionné cette entreprise. Trop risquée. Trop dangereuse. Et Robert Longeron, alors qu'il voyait maintenant le commissaire porter son regard sur lui, commença à croire qu'il avait eu les yeux plus gros que le ventre. - Alors comme ça Mourad Benali ne taffait pas pour toi ? - Oh la commissaire, je ne connais pas le nom de tous mes employés ! La bâtiment ça brasse du monde vous savez ? - C'est ça. Écoute, tu compte peut être continuer à me prendre pour un con mais sache que je ne suis pas seul en charge de cette enquête et aussi bizarre que cela puisse paraître, je suis peut être ton allié. Ton seul allié. Je t'ai toujours pris pour une crapule. D'ailleurs c'est ce que tu es. Une crapule. Mais une crapule qui est tout sauf dingue. Alors je te le dis pour la première et dernière fois ; si ils viennent, ne leur parle pas de maçonnerie. Ok ? - C'est vous le patron, commissaire. - C'est ça, continue...
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L’ANTIDOTE
La nuit de l’abattoir
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