La poussière voletait , formant des spirales dans la lumière qui filtrait des stores de la chambre. Stéphane ne pouvait détourner son regard des mouvements matérialisés de l'air. Les particules montaient et descendaient plongeant à chaque extrémité du rayon dans les ténèbres avant de réapparaître plus lentes ou plus véloce. Et il souriait. Le mois de juillet arrivait et déjà le soleil, au delà de la pénombre de son lit, brillait haut. Il se tourna, le sourire toujours aux lèvres, et posa la main juste au dessous de l'omoplate de Juliette. Ses dreadlocks rousses ét aient éparpillées sur le traversin, comme des filaments sortis du cœur de l'astre qui frappait à sa fenêtre. Sa respiration était ample et calme, il descendit sa main parcourant son dos le long de sa peau douce jusqu'à la naissance de ses fesses. Un soupir le tira de son désir. - Je suis en retard ? - Tu l'es toujours. Juliette se tourna et fit face à Stéphane, sa main toujours à la même hauteur. Ses yeux encore bouffies étaient deux émeraudes qui savait tout. C'est ce que pensait Stéphane. Elle savait tout. Quand elle prit sa main pour la faire plonger plus bas encore, il retint son souffle. Il s'avança vers elle et leurs bouches se rencontrèrent en même temps que le reste. Il bascula sur elle puis elle sur lui jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de différence. Dans la lumière des stores, ses dreads vinrent lécher son visage jusqu'à l'extase. Ils se séparèrent le souffle court et les synapses gorgés de dopamine. Stéphane resta allongé sur le dos alors qu'elle enlevait son t shirt, révélant son corps mince et presque diaphane, parsemé de tâches de rousseur pour disparaître dans la salle de bain. Il l'entendait chanter sous la douche sans trouver quelle était la chanson. Peut être n'était ce rien d'autre que ce qu'elle avait en tête. Il regardait toujours la lumière faire valser la poussière. Il souriait toujours. Et finit par fermer les yeux et ne plus rien entendre. Tout devint calme. Il se retrouva alors à voler au dessus d'une forêt de pins par une journée d'été. Ses bras lui suffisait à s'élever au dessus des arbres quand un main l'arracha à sa rêverie. - Maintenant c'est toi qui est en retard. Je t'appelle Elle l'embrassa puis disparut de l'appartement. Son parfum sentait la vanille et imprégnait encore la pièce. Stéphane regarda l'heure et comprit qu'il était plus qu'en retard. - Merde ! Il fila sous la douche, se brossa les dents en même temps, omit de se raser et enfila les mêmes fringues que la veille. Au moment de partir, il perdit du temps à chercher ses clés. Il les trouva avec les petites culottes de Juliette enroulées dans un post it barré d'un « à ce soir » qu'il ne put se résoudre à jeter. Il dévala les escaliers de service et prit son vélo avant de s'engager avenue du Tiers Etat puis avenue de la Fraternité. Il posa son vélo contre la porte de service de son local et alla ouvrir la porte de son magasin. Deux clients étaient déjà là. Il leur demanda de patienter. Il alluma les néons révélant tout ce qu'il avait à offrir, ramassa le pain que le boulanger avait déposé, le mit à côté de la caisse, prit son courrier et installa les légumes frais qu'il avait reçu et fit remonter le volet roulant de son magasin. Les clients lui sourirent en entrant, pas le moins du monde contrit de son retard. Ils ne devaient pas attendre depuis longtemps sans doute. Il se dit qu'il avait par contre raté tout les travailleurs de 8 heures. Tant pis. La journée serait belle, de toute façon.
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L’ANTIDOTE
La nuit de l’abattoir
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