La voiture de Jérôme et de ses deux potes se gara bien en amont de l'entrée de la ferme. A vrai dire, ils étaient encore sur le goudron de la départementale. Le ciel ne les aidait pas. La chaleur non plus. Sami suait déjà , le gros. Et Mourad semblait déjà défoncé. Il était déjà défoncé. Il avait se fumer trois joints de beuh pendant le trajet depuis Les Couronneries. Un par quart d'heure de route. Ils ne s'étaient rien dit. Jérôme ne les aimait pas de toute façon. Deux sacs à merde qui cherchaient à grimper dans un monde lui savait depuis longtemps que les films de gangsters disaient vrai. On ne devient jamais riche à être un gangster. On en meurt. Il écrasa son mégot sur le bitume encore chaud de la journée et leur fit signe de les suivre. La pente devint raide lorsqu'il purent ressentir les premiers effets d'une fraîcheur comme sortie de nulle part. Ça buffait derrière Jérôme. En tournant la tête, il vit que ça suivait quand même. La maison n'était maintenant plus qu'à une centaine de mètres. Uniquement éclairée par la lune, elle était totalement endormie. La lisière qu'ils longeaient les rendaient de toute façon invisibles depuis n'importe laquelle de ses fenêtres. Il sortit son 9mm de sous son t-shirt et logea une balle dans la chambre. Son plan était simple. La ferme avait deux bâtiments . Un en L, le plus imposant et logeait leur cible. Et un autre, rectiligne, qui finissait de former la cour. Mourad devrait se mettre au cul du petit bâtiment. En couverture. Si jamais elle sortait, il ne pouvait pas la rater. Normalement. Sami, lui le suivrait jusqu'à l'entrée il attendrait qu'il redescende son travail accompli. Et si jamais il n'y arrivait pas, sa corpulence suffirait à empêcher qui que ce soit de sortir il devait être plus large que la porte elle même cet enculé. Quant à lui, et bien, il ne connaissait pas les lieux mais savait ce que voulait dire descendre quelqu'un. Cela devrait lui suffire. Le bois venait de se terminer à sa gauche et il se retourna pour rappeler à ses deux acolytes où se placer. - Bon les gars. On sort le matos et on fait pas les baltringues. Sami tu me suis et toi Mourad...Mourad ? Putain est parti ce fils de pute ? Jérôme n'eut pas le temps de le voir détaller cinq cents mètres plus bas. Ni de se demander pourquoi. La tête de Sami explosa avant qu'il puisse comprendre quoi que ce soit. Son corps s'affaissa comme un pantin désarticulé. Jérôme sentit l'urine emplir son slip. Et couler le long de sa jambe. Il eut le réflexe de pointer son arme droit devant lui. Sous elle, en plus de son urine, le sang noir de Sami continuait de jaillir de son corps étêté, agité de spasmes réflexes et commençait à poisser ses Jordan. - T'es qui sale fils de pute ? t'es ? Tu sais pour qui je bosse ? T'es un homme mort mec ! L'arme toujours pointée droit devant lui, Jérôme exécuta un tour complet sur lui même. Il devina des feuillages qui frémissait, quelques part, enfoncé une dizaine de mètres plus profond dans les ténèbres du bois qu'il avait cru protecteur. Il avança, l'arme toujours braquée devant lui, vers ce point le néant et les ténèbres étaient indiscernables. - Je sais pour qui vous travaillez. Vous, vous ne savez pas qui je suis. D'où je viens, on dit qu'il faut toujours regarder la vie avant de la prendre. Le cri que Jérôme poussa fut éteint par les mains de son ennemi. Les siennes tombèrent, toujours crispées sur la crosse de son 9 mm. Le sang jaillissait de ces avant bras comme il l'avait vu de la tête de Sami. Le couteau qui avait été plus vite qu'un photon depuis la lune pour descendre de sa gorge à ses mains finit de se planter sur son larynx. Il ne put pas dire qu'il vit pour la première fois celui qui allait le tuer. Car c'était impossible. C'était juste une ombre dans une ombre. - Est ce que vous l'auriez fait vous ? - Quoi ? Est ce que j'aurais fait quoi ? - Regarder la vie disparaître de ses yeux. - Je sais peut être pas ouais. Oh putain... Les derniers sphincters qui avaient tenu jusque lâchèrent Jérôme. Tout comme sa conscience dût s'effacer face à la douleur qui venait de ses mains disparues. Il s'affaissa aux pieds de son bourreau. Celui-ci rangea son couteau, ramassa les deux mains et le 9 mm et commença à faire voler les feuilles qui recouvraient la bâche se trouvait Jérôme. Une fois emballé, il commença à tirer, sans se soucier du bruit ou de la lune. C'était tellement calme et désert ici, que c'était vraiment comme on lui avait dit. Des vacances.
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L’ANTIDOTE
La nuit de l’abattoir
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