Karim avait réussi à dormir une petite huitaine d'heures. Son sommeil agité par des rêves absurdes et une sensation de danger imminent. Il était réveillé depuis une heure maintenant et ne bougeait pas du lit. A côté de lui Sarah s'éveillait. Il sentit sa jambe venir caresser la sienne. Sur le dos, il vit son bras fluet venir se poser sur son torse, sa main contre sa joue droite. Elle avait envie. Il bascula sur le côté opposé. Lui n'avait envie de rien. La main de Sarah resta un moment sur ses reins. Le silence était rassurant. Quelque chose de paisible irradiait son flanc. Puis la main disparut et il sentit le lit bouger. Sarah vint de son côté et il ferma les yeux. Elle ne dit rien, se contenta de l'embrasser sur chaque œil puis de filer sous la douche. Quand il entendit l'eau couler, il revint sur le dos et recommença à fixer le plafond. Comment cela avait il pu arriver ? Comment en était on arrivé là ? Et pourquoi ? Pourquoi ? Il se redressa. Sa tête était lourde. Le si peu qu'il avait dormi ne suffirait pas à redynamiser son corps. Favreau l'avait remercié. La police l'avait remercié. Il avait pu rentrer chez lui. Il avait retrouvé la seule personne sur qui il pouvait compter. Il avait retrouvé son lit, ses potes et son taf. Il avait retrouvé une vie normale. Mais il avait perdu tout le reste. L'innocence. Le passé. Les certitudes. Et la paix. La paix intérieure. Cela faisait beaucoup. Et dans la balance, l'équilibre des forces penchait par trop vers la noirceur de sentiments trop violents pour être compris. Il finit de se redresser et avança jusqu'à la commode étaient ses fringues. Il tira un t-shirt, un short et un caleçon puis fila sous la douche. Comme il tombait le caleçon de la veille, il sentit le café que Sarah se faisait couler. Elle n'allait pas tarder à partir. Avec un peu de chance, il n'aurait pas à lui parler. Ni à la voir. Il compta les secondes, la tête sous la pomme de douche, laissant l'eau chaude faire frissonner ses muscles et sa peau. Cela ne le détendit pas plus. Il était juste mou. Mou et las. Il se redressa prenant le jet d'eau dans le visage et coupa l'eau. En sortant, Sarah était devant lui, sa tasse de café à la main. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon artistique. Ses yeux portaient un peu de maquillage et ses lèvres était plus sanguines qu'il ne pouvait l'espérer. Son regard andalou le fixait. Il était inquiet. Lui le trouvait magnifique. - Tu veux parler ? - De quoi ? Sarah posa sa tasse de café sur le bord du lavabo et tendit la main vers sa joue. Quand il sentit le contact de sa peau contre la sienne, il se rendit compte qu'il y avait quelque chose entre. Quelque chose de salé. Et liquide. L'incarnation du chagrin. Il s'affaissa sur le rebord de la douche, nu comme un ver. Sarah prit sa tête entre ses mains et la plaqua contre son ventre. - Ça me révolte, tu sais. De ne pas comprendre. De n'avoir rien vu venir. Je me sens complètement con. Con et impuissant. Et en plus... je ne sais pas, j'ai l'impression que je devrais l'aider, qu'il n'y ait pour rien... - Tu ne peux plus rien pour lui. - Sans doute - Tu bosses pas aujourd'hui si? - Non - Tu devrais appeler Stéf pour aller voir Noé. Et si vous devez boire buvez, si vous devez fumer, fumez et pleurez si ça vous soulage mais surtout, ne reste pas comme ça. C'est de vivants qu'ait fait ton monde. Pas de fantômes.
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L’ANTIDOTE
La nuit de l’abattoir
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